Gilles Belley et Rodolphe Dogniaux accompagnés par Marie-Haude Caraës Le Cul entre deux chaises - re

Bien qu’instable et polymorphe par nature, la démarche de design a toujours été l’objet de tentatives de schématisation en une méthodologie stable, voire en une procédure garantissant son efficacité et sa pertinence. Si, bien évidemment, le projet impose la progression vers une finalité et donc un déploiement séquencé dans le temps des opérations qui permettent au designer d’intervenir, ce qui est souvent qualifié de « méthode » n’est en fait qu’une trame. À ce titre, la logique de phasage en architecture, qui témoigne d’un niveau de définition du projet est probablement un modèle de trame équilibré. De la même façon, les schématisations du processus design entretiennent une confusion entre moyens employés, voire outils utilisés, et protocole définitif.

A contrario, le designer est toujours le cul entre deux chaises, dans une position intermédiaire entre des contraintes et des aspirations mouvantes, parfois inconciliables, et que de ce fait il n’y a que des façons de faire contextuelles et adaptatives. Loin d’un processus scientifique, il y a des regards et des pratiques subjectives. Pas une vérité mais de multiples propositions pertinentes. Pas de recettes donc, mais probablement une attitude opportuniste pour trouver le filon qui permettra de construire le projet. L’or que nous cherchons est parfois une forme. Pas celle figée et reproductible de l’artefact, mais celle, plastique et unique, qui émane du sujet traité et de l’écriture du projet. Une fois débusquée, nous jouerons avec elle pour comprendre, pour structurer, pour façonner et pour, peut-être, finalement donner forme.

Gilles Belley est diplômé de l’École nationale supérieure de création industrielle en 2001, avec un projet sur les autoroutes associant radio et signalétique. Après quelques années de collaboration avec Éric Benqué et une mission auprès de Ronan et Erwan Bouroullec, il débute en 2005 ses activités en nom propre avec des projets industriels pour Plastic Omnium (gamme de poubelles de tri sélectif), des projets de recherche (EDF R&D) et de scénographie (Mémorial de la Shoah). Il reçoit le Grand Prix de la création de la Ville de Paris, section design, en 2008. En 2009, il est lauréat de la bourse Agora pour le design pour le développement du projet La Fabrique végétale initié avec le centre d’art La Cuisine à Nègrepelisse et le Laboratoire de chimie agro-Industrielle de l’ENSIACET de Toulouse. En 2016, il présente Une possibilité d’habiter autrement, recherche sur le mobilier dans le cadre de la Carte blanche du VIA. Depuis 2010, il est responsable des diplômes de création industrielle à l’École nationale supérieure de création industrielle.

Rodolphe Dogniaux est designer et directeur du post-diplôme Design & Recherches à l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne. Il a été formé à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’arts et à l’École nationale supérieure de création industrielle. Il a été graphiste au Cameroun, designer dans différentes agences de design parisiennes, directeur artistique d’une société de cosmétique japonaise et directeur artistique d’une agence de tendance. En 2007, il crée le blog Design matin. Il est également commissaire des expositions  C’est pas mon genre !  en 2010 et Tu nais, tuning, tu meurs en 2015.

Marie-Haude Caraës est directrice de l’École supérieure des beaux-arts de Tours et directrice-adjointe de l’École supérieure des beaux-arts TALM (Tours, Angers, Le Mans) après avoir dirigé le Pôle recherche, expérimentations et éditions de la Cité du design. Elle a co-dirigé avec Philippe Comte des recherches dont notamment Vers un design des flux. Elle a été le commissaire de l’exposition Les Androïdes rêvent-ils de cochons électriques ? à la Biennale internationale design Saint-Étienne en 2013 et mène, en parallèle, des travaux de recherche personnelle, notamment Images de pensée (RMN, 2011) avec Nicole Marchand-Zanartu.