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Camille Laurelli, « – Peux-tu revenir sur Riot, pièce montrée à Tallinn et à Grenoble ? » vendredi 1


« Rien que le titre, Riot mass mess m’amuse, puisque la traduction estonienne de riot c’est mäss et cela se prononce mess... Cette forme vient, entre autres, de mon goût pour les résultats en mosaïque de Google Images. J’aime beaucoup cette forme exhaustive, très ordonnée et contemplative de traiter visuellement un sujet. Surtout qu’en se perfectionnant, l’algorithme lui-même dépasse toutes les formes déclinées du modèle. Mais je n’ai jamais voulu exploiter cela comme une matière première. Je me suis beaucoup amusé avec trois moteurs de recherche : gazopa ( HYPERLINK "http://www.gazopa.com/" http://www. HYPERLINK "http://www.gazopa.com/" gazopa.com/, qui n’existe plus), retrievr ( HYPERLINK "http://labs.systemone.at/retrievr" http://labs.systemone.at/retrievr, qui n’existe plus) et tineye ( HYPERLINK "https://www.tineye.com/" https://www. HYPERLINK "https://www.tineye.com/" tineye.com/). Gazopa permettait de retrouver une image qui se rapproche le plus de l’image chargée dans le moteur, c’était génial, le moteur indiquait même un pourcentage de pertinence de ressemblance de chaque résultat. Drôle mais peu fiable. Retrievr permet une recherche d’image par croquis. On dessine dans un petit carré et le moteur cherche les images qui se rapprochent le plus de ce qu’on a dessiné. Tineye est très utile pour rechercher l’origine d’une image puisque le moteur traque les occurrences de cette image sur le web. Je pense que Google Images est à la bourre, mais que l’affichage sur une page déroulante permet la création de documents assez précieux et pratiques à consulter. Et aujourd’hui Google a intégré les mêmes fonctionnalités que Tineye mais pas de gazopa. J’ai découverts les séries de Manifestants de David Ter-Oganian à un moment où j’imprimais en pdf les pages de résultats Google de "manifestants", "strikes", "riots", "protest", les résultats donnaient lieu à des images très proches de manifestations se déroulant dans la rue. Toutes les colères et les malentendus ensemble dans un algorithme défilant sur un écran. D’où le nom de la série de pdf, Mix-up, le terme recoupant l’idée de "mélange" et de "malentendu" par définition ou "mal-entendu" par extrapolation. Aussi, l’image d’un grand péplum contemporain, comme un remake d’Intolérance de D. W. Griffith m’amuse un peu. Je fais le rapprochement avec une mise-en-scène car malgré les différentes entrées de recherches, on retrouve dans ces résultats peu d’images amateurs, ce sont surtout des résultats rattachés à des sites de grands groupes de presse. Avec parfois des résultats complètements hors-sujet au milieu de ce grand défilé. Voilà, le grand malentendu. Un autre malentendu avec lequel j’aime jouer c’est le fait que je ne sais pas du tout comment tout cela se retrouve directement ou logiquement lié à d’autres formes de mon travail, un hors-sujet. » Propos de Camille Laurelli recueillis par Pascale Riou, in Laura Kuusk et Pascale Riou, Side Effects, Annecy, AAA / ESAAA, 2016. Camille Laurelli (1981), vit et travaille à Grenoble. Son travail n’a jamais été exposé à la Tate ou au MoMa. Après plusieurs refus de candidatures pour des résidences il n’aura reçu aucune distinction
d’illustres institutions telles que la Villa Médicis à Rome ou du PS1 à New York. Il ne fait pas partie du programme APT (Artist Pension Trust) ou de toute autre collection internationale et le peu d’intérêt suscité dans son travail par les galeries est un aspect caractéristique et insistant de sa carrière. Son manque de connaissance en neuro-physique, en analyse de la fission nucléaire, en armes lourdes, en sécurité des réseaux informatiques, en nanotechnologie, en stock exchange, ainsi que son manque
d’implication dans les réseaux terroristes, fait de lui l’artiste le plus sûr de sa génération. Par-dessus tout, il atteint le rang 29773 sur HYPERLINK "http://artfact.net/" artfact.net. Il termine actuellement un dessin.

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