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Des données pour produire de la forme ? FORuMIDABLE, 2017

Bien sûr l'artiste, le designer et l'architecte lorsqu'il crée se situe dans des perspectives différentes, pour autant, au-delà de la singularité de chaque créateur, et des contingences sociales, économiques et techniques liées à chacune de ces disciplines, il existe une culture commune dans la manière de penser la forme, de cheminer.

Dans Geste Spéculatifs la philosophe Isabelle Stengers écrit à propos de la notion d’oeuvre : « Celle-ci ne répond ni à un projet (inspiration subjective) ni à des conditions de possibilité (« objectives », matière à analyse sociologique). Elle est réponse à ce qui demande réalisation, réponse à ce que Souriau appelle une « situation questionnante » , une situation toujours concrète, toujours engagée par ce qui va être mis à l’oeuvre par le trajet. »

Les rencontres Forumidable tentent d’éclairer les cheminements, les outils et langages partagés, transversaux, communs à l’ensemble de ces disciplines. Ce commun, ces reliances qui rendent possible des manières de faire, situés en amont de la réalisation de l’oeuvre de l’architecte, du designer ou de l’artiste.

Eclairer ce qui est en amont, sans « verser » dans le dualisme conception-réalisation dans lequel la culture de projet est souvent enfermée, dualisme qui induit une séparation "artificiel" entre concept et forme, et préférer la relation écriture-forme, protocole-forme, script-forme, partition-forme.

Eclairer ces recherches qui passent par le récit, l’enquête, l’image, les manipulations techniques, l’expérimentation de matériaux ou le dessin. Explorer ces nouvelles manières de faire, nichées au cœur de la recherche par la création. Créer les outils de l’observation de cette pratique et se donner les moyens de la transmission.

FORuMIDABLE pour sa troisième édition les 15 et 16 juin 2017 a choisi d’être le relais de cette transmission en observant une nouvelle pratique de recherche en création : L’utilisation des données pour produire de la forme.

« Physiquement, [ces objets] appartiennent encore au monde des matériaux; mais leur fonctionnement, leur mode d’existence dépasse déjà la pure intervention sur la matière, car elle concerne davantage l’échange d’informations que la forme » écrit le designer Ezio Manzini.

L’utilisation des données pour produire de la forme refonde notre rapport à la pratique. Elle engendre des nouvelles manières de faire projet et favorise l'émergence d'écritures hybrides.

. Elle incite les créateurs architectes, designers, artistes à intégrer dans leur processus de création la notion même d’immersion dans la société, pour collecter des données, instruisant ainsi un rapport inédit au monde. Un regard, d’autres démarches à la croisée des performances filmiques de Jean Rouch et des dérives urbaines du designer Ugo La Pietra.

. Elle amène plus spécifiquement les designers, les graphistes ou les artistes à revisiter leur rapport à la représentation ; Créer des interfaces où l’image est le « masque » de la donnée, où la donnée devient l’envers du décor, où l’image est l’indexation d’un territoire immatériel, saturé de connaissances ; un ailleurs insaisissable comme dans 31°25 de latitude Nord de l’artiste On Kawara.

. Elle conduit les artistes à imaginer des oeuvres consultables, des formes ouvertes d’accès à la connaissance, à designer des architectures relationnelles. A « l’âge de l’accès » ces créateurs expérimentent et proposent des manières de faire circuler l’information, de partager le savoir, rappelant ainsi le projet utopique du pacifiste Paul Otlet et son Mundaneum. L’artiste Thomas Hirschhorn, à propos de son oeuvre Flamme éternelle nous dit « J’ai simplement créé un récipient, une situation qui invite les autres à être présents et donne envie d’être actif avec sa pensée ».

Nous irons à la rencontre de ces pratiques travaillées par la donnée. Nous explorerons les outils et langages inventés pour développer des méthodes de collecte de l’information, des modes de représentation de la donnée et des dispositifs relationnels de mise en circulation de la connaissance.

Trois questions seront au coeur de FORuMIDABLE 2017 :

1. Comment les méthodes utilisées pour produire de la donnée influencent-elles les écritures de création, les manières de penser le projet ?

Entre information, informatique et connaissance, la donnée ne peut être réduite à un matériau « neutre » sans signification. Il s’agit là de pointer les acteurs qui produisent les données : sociologues, ethnologues, géographes, anthropologues,... et s'intéresser à leur méthode (les protocoles, les modalités d'observation, les approches du terrain, les carnets de bord) et les croiser avec celles des créateurs qui s’immergent dans le monde : quartiers, villages, milieux sociaux.

Des créateurs designers, architectes, artistes qui développent des techniques d’entretiens, des dialogues avec la population, détectent des situations, des usages pour produire des formes et fabriquent de la donnée en initiant des expériences participatives de création.

2. Comment la recherche par la création se saisit-elle des outils et langages issus des techniques pour représenter la donnée et en inventer d’autres ?

La masse d’information en circulation rend complexe sa manipulation et sa représentation. La représentation des données pour visualiser des tendances est un enjeu de société, un moyen pour définir des politiques économiques et sociales, et faire de la prédiction. Les designers, les graphistes manipulent des chiffres, des relevés, des estimations, des statistiques, des coordonnées, des items, des mots clés, des diagrammes,… pour modéliser et générer des formes. Ils s’approprient les langages de la programmation et développent des stratégies de création pour produire des images-interfaces, des images ou des outils d’exploration permettant aux usagers de circuler dans l’information.

3. Comment les créateurs développent des modes opératoires spécifiques à la production de dispositifs consultables et relationnels ?

Comment penser des dispositifs qui permettent d’accéder à la donnée ? Comment créer les conditions du possible et intégrer dans sa pratique le visiteur , l’usager qui manipule, produit, diffuse ? Quel dessin permet d’imaginer cette expérience ? Quel story-board pour ces systèmes à multiples scénarii ? Quel prototype inventent-ils pour représenter les interactions et les relations entre les utilisateurs ?

Une rencontre annuelle organisée par l’ENSCI-Les Ateliers avec le soutien du comité scientifique FORuMIDABLE, du Labex Création Arts Patrimoine et en collaboration avec l’École supérieure des beaux-arts TALM-Tours, laboratoire des intuitions.

Le comité FORuMIDABLE : Julien Clément, docteur en anthropologie et adjoint au directeur du département de la Recherche et de l'Enseignement au Quai Branly, Marie Hélène Contal, directrice du développement culturel Cité de l'architecture et du patrimoine, Nicolas Donin, docteur en musicologie, responsable de l’équipe Analyse des pratiques musicales, laboratoire STMS (Ircam-CNRS-UPMC), Stéphane Hugon, Docteur en sociologie, cofondateur de l'institut d'études prospectives Eranos, James et Shelly Porter, fondateurs et directeurs du centre d'art les Moulins de Paillard, Patricia Ribault, docteur en Arts et Sciences de l'art, chercheur associé à Humboldt Universität zu Berlin, Stéphane Simon, Directeur Opérationnel du Lieu du design.

Les organisateurs : Armand Behar, ENSCI-les-ateliers, Marie-Haude Caraës, École supérieure des beaux-arts TALM-Tours, Thierry Mouillé, École supérieure des beaux-arts TALM-Tours.

FORuMIDABLE s'inscrit dans le cadre des activités de recherche menée par la plateforme Ecritures de création-Pratiques de recherche de l'ENSCI-Les Ateliers dirigées par Antonella Tufano, École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette et Armand Behar, ENSCI-les-ateliers.

Inscription gratuite sur Eventbrite

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